LA MARMITE DU DIABLE

 

Ici c'est la Mosson!

                Aujourd'hui comme hier, la "Butte Paillade" est là pour égailler les soirées de la Mosson quand l'équipe joue. Mais les anciens se souviennent bien de ce passé pas si lointain ou la butte et le stade de la Mosson étaient craint...

"On mettait la pression sur les adversaires, se souvient Bernard Soccoro. Avant, les équipes allaient s'échauffer sur un terrain annexe mais la plupart du temps l'échauffement ne durait pas plus de deux minutes car nous étions là, plutôt menaçants avec les gitans du coin. Il nous arrivait même de courser certains arbitres après les matches. Mais attention, on n'a jamais fait de mal à personne. On avait une réputation de loubards mais on était pas des voyous."

C'était l'époque de la Butte en version originale, en terre et à ciel ouvert ou claquaient dans le vent les drapeaux rouges et blancs, les couleurs de cette équipe de la Paillade, honneur d'un quartier bien avant celui d'une ville en bleu et blanc, d'une région. Rouge, la couleur tout feu tout flammes.

                                         

"Cet endroit du stade devenu célèbre à travers toute la France a été créé en 1977 après qu'on eut éliminé Marseille en coupe, raconte encore Bernard Soccoro. Pour le tour suivant, contre Nîmes, il fallait donc trouver un moyen pour accueillir le plus de monde possible. Alors on a fait venir de la terre, on l'a tassée en espalier et nous avons installé des traverses de chemin de fer en guise de gradins."."C'était le lieu de rendez-vous des supporters, des purs, les durs, ceux qui contribuaient souvent aux victoires avec les joueurs, poursuit Soccoro. On se connaissait tous, on habitait dans les tours du quartier et tout le monde était disponible pour rendre service au club. Nous étions les champions du "système D": on montait des tribunes de fortune, on se procurait une "sono", on faisait des tas de trucs afin que la Mosson ressemble au moins à un stade. Cet amateurisme a duré jusqu'à la première accession en première division. Après, on s'est organisé comme un véritable club de supporters en même temps que le club lui-même se soit structuré. Ça a coupé un peu l'esprit familial et convivial de la tradition. Et puis le quartier s'est lui aussi transformé, la population a changé. D'autres sections de supporters, plus jeunes et avec un autre esprit, se sont créées. La butte s'est couverte et a peut-être étouffé les derniers cris des pionniers de l'endroit". Bernard Soccoro est nostalgique mais tant que le temps ne sera pas une gomme dans sa mémoire, son coeur battra pour cette Paillade devenue Montpellier et pour cette butte transformée en béton. "Ici, c'est la Mosson", c'est écrit afin que les adversaires ne l'oublient pas. Jamais.

          

La marmite du diable

               Extraits d'articles pris au hasard d'archives très abondantes sur cet endroit ou seule la passion est de mise. Où l'unique passion y est admise.

De Paul Katz, rédacteur en chef à Midi libre, illustrant ses propos à partir de la demi-finale de coupe de France contre Monaco (1980):"Il existe un délicieux coin du Languedoc où l'on passe des nuits inoubliables. (...) Pour l'habitué des terrains de sport, une atmosphère, une ferveur et pour tout dire, ce je ne sais quoi qui attire des milliers de personnes pour communiquer ensemble autour d'une passion partagée: le football. Il y avait Hampden Roar, le célèbre grondement du Hampden Park de Glasgow. Il y avait la rumeur vociférante du Prater de Vienne, le chaudron du stade Geoffroy-Guichard à Saint Etienne, la bouilloire de Furiani à Bastia, le volcan du stade Vélodrome de Marseille. Il y a désormais, parmi les hauts lieux du football, la marmite du diable de la Mosson. On y rêve, on y souffre, on y déchante parfois mais on y chante toujours.".

De Patrick Lemoine, journaliste à l'Equipe, après l'élimination de Montpellier par Monaco en coupe de France: "(...) Ici, s'il faut entasser dix sept mille "fous" du stade pour soutenir la "bande à Mezy", on n'a pas de mal à les trouver. Il y a les immeubles bétonnés derrière et les arbres d'où fleurissent de véritables grappes humaines. A la Mosson, on aurait pu mettre trois ou quatre fois plus de drapeaux rouge et blanc. On aurait pu aussi mettre une montagne de chaleur. Et puisque de montagne on vous parle, l'instant est venu de conter ce monticule de terre que l'on a placé derrière un but et qui depuis une dizaine d'années sert de "kop" à ciel ouvert aux gens de l'endroit. Aussi clairement que cette partie de la Mosson faisait penser au repaire de Liverpool, il n'est pas sans rappeler ce morceau de la convention qui en 1792 remporta la révolution Française à bout de bras quand il lui fallut lutter contre la réaction..."

De Raymond Rousset, journaliste à Midi Libre, relatant la rencontre Montpellier-Lyon et la montée en première division (1986-87):" Pour gagner son coin de paradis un tel soir, il faut se lever tôt. Deux heures avant le coup d'envoi de ce match des matches, la butte avait fait le plein de ses enfants. Depuis longtemps, ces sommets qui dominent le stade avaient été conquis à la force du coude et de l'habitude. Et là-haut, dressés avec leur oriflammes, comme l'alpiniste sur l'Everest, ces conquérants de la première heure donnaient de la voix (...).". "Allons z'enfants" de la Paillade (...). A 3-1, la butte s'embrasa alors que sur le terrain, Nicollin et Mezy s'embrassaient, premiers délices de l'entrée au paradis. La Butte n'hurlait plus, elle chantait joyeuse avec sur ses têtes et ses couleurs, une pluie d'étoiles (...)".

Souvenirs

Cet article, tiré du livre de Jean bernard Sperne et Eric Champel date de 1994, relate des faits inconnus pour certains ou lointains pour d'autres. Mais il ne faut pas oublier l'histoire de ce coin de France, qui a grandi en même temps que le club. Et même si certains dirigeants et supporters l'oublient, l'histoire de la Butte et de Montpellier sont intimement liées... Alors Butte Paillade, réveilles toi et chantes, chantes pour que tes joueurs poussent le club plus haut, vers la L1...